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SCANDALE Jay Roach 2019, Charlize Theron, Nicole Kidman (scandale MeToo)@ ()

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SCANDALE Jay Roach 2019, Charlize Theron, Nicole Kidman (scandale MeToo)@ ()    (agrandir)


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"Bombshell" est basé sur le scandale révélé en 2016 dans lequel le président de Fox News, Roger Ailes, a été accusé de harcèlement sexuel à l'encontre de journalistes. Le film raconte l'éviction et la chute de cet intouchable, grâce à la parole des journalistes Gretchen Carlson et Megyn Kelly, interprétées respectivement par Nicole Kidman et Charlize Theron. Gretchen Carlson, présentatrice phare de la chaîne, est la première à avoir publiquement accusé Roger Ailes de harcèlement sexuel.

TELERAMA
L’affaire de harcèlement qui secoua Fox News, chaîne conservatrice et machine à broyer les femmes. Trois grandes actrices, un récit percutant.
Tandis que le procès de Harvey Weinstein bat son plein, ceci est l’histoire d’un séisme antérieur, de moindre amplitude peut-être, mais annonciateur du même mouvement. L’été 2016, le tout-puissant patron de la chaîne américaine conservatrice et populaire Fox News est tombé de son trône en une quinzaine de jours, après qu’une ancienne présentatrice vedette, limogée, l’a accusé de harcèlement sexuel, entraînant d’autres révélations. C’est toute une culture d’entreprise qui se retrouvait mise en question, en crise, au ban.
La culture Fox News, dans ce qu’elle a de plus visuel, le réalisateur de Scandale en tire d’emblée une mise en scène quasi hallucinatoire : quand l’action démarre, les bureaux de la chaîne sont peuplés de femmes blanches, jeunes, minces, aux longs cheveux blonds, aux talons hauts, la jupe en stretch au-dessus du genou. Une sorte d’uniforme qui ne dit pas son nom. Une idée totalitaire de la féminité et de la séduction, strictement limitée aux désirs personnels du maître des lieux, Roger Ailes. Depuis son antre du deuxième étage, il fait et défait les carrières d’animatrices et de reporters, attise les rivalités et demande au passage aux intéressées des « preuves de loyauté », c’est-à-dire, pour lui, des faveurs sexuelles.
Traitée de « ménopausée », puis remerciée brutalement pour non-conformité à la ligne éditoriale et esthétique de Fox News, Gretchen Carlson (Nicole Kidman) choisit donc d’attaquer en justice son patron, au risque de ne plus jamais travailler : le pouvoir et la capacité de nuisance de Roger Ailes paraissent alors sans limites. L’image éloquente d’un smartphone inerte et silencieux nourrit d’abord cette hypothèse ordinaire. Pendant ce temps, les regards se tournent, en coulisses, vers Megyn Kelly (Charlize Theron), star incontestée de la chaîne, donc alliée officielle du patron, mais aussi possible ancienne proie, dont la parole pourrait changer la donne. Pendant ce temps encore, Roger Ailes continue tranquillement les abus de pouvoir et les agressions sexuelles. Sa nouvelle recrue et victime (Margot Robbie), jeune républicaine chrétienne ayant toujours regardé Fox News comme ses parents, et donc éblouie d’y travailler, se sent tenue, à son tour, d’éclaircir ses cheveux et de raccourcir ses robes…
Scandale, signé par le réalisateur de l’estimable biopic Dalton Trumbo (2015), possède toutes les qualités d’un bon suspense à l’américaine, autant psychologique que juridico-judiciaire. Mais sur le thème du harcèlement sexuel au travail, il apporte, aussi, nuance et complexité. Que l’action se déroule dans un monde très conservateur, attaché à une partition rigide entre les sexes et habitué à la domination masculine, rend la révolte des femmes encore plus compliquée : elles doivent s’arracher à leurs propres idées reçues. D’autre part, la journaliste puissante jouée par Charlize Theron, mue avant tout par l’ambition, éprouve une certaine forme d’admiration et de reconnaissance pour l’homme qui lui a permis de se réaliser… Et dans son portrait peu flatteur de Roger Ailes, le film intègre aussi cette propension des prédateurs sexuels à affirmer, et surtout à croire, que leurs proies partagent leurs désirs…
Voilà, en outre, un cas fascinant de parallèle entre le fond et la forme, entre le comportement des héroïnes et le travail de leurs interprètes. Pour mieux ressembler aux femmes célèbres (aux États-Unis) qu’elles jouent, Charlize Theron et Nicole Kidman sont en effet couvertes de prothèses invisibles, de lentilles oculaires, de discrets (ou volumineux) postiches. Chacune livre une performance de compétition, empreinte du perfectionnisme extrême qui caractérise également les prestations des vedettes de Fox News. Sauf que leur duel d’actrices ne sert pas, cette fois, les intérêts d’un patron sultan antédiluvien, mais au contraire offre les images percutantes d’un changement de société en marche.